NOTES
Hugo reprend et enjolive un peu le Dictionnaire de Chaudon et Delandine à l'article SHAFTESBURY: « [...] On a de lui plusieurs ouvrages qui décèlent un génie profond et le talent d'un habile observateur. Les principaux sont: I. Les Moeurs ou Caractères, Londres, 1732, 3 vol. in-8.° et traduits en françois, 1771, 3 vol. in-8°. Il y a dans ce livre des choses bien vues et fortement pensées. Mais ses réflexions sont quelquefois trop hardies, et quelquefois dangereuses. [...] II. Essai sur l'usage de la raillerie et de l'enjouement dans les Conversations qui roulent sur les matières les plus importantes, traduit en françois, à la Haye, 1707, in-8°. III. Une Lettre sur l'Enthousiasme, traduite en françois par Sanson à la Haye, 1708, in-8°. Le célèbre Locke, qui avoit beaucoup connu Shaftesbury, cite plusieurs traits qui prouvent son extrême pénétration. Nous n'en rapporterons qu'un seul. Ayant dîné avec le comte de Southampton, chez le chancelier Hyde, il dit au comte en sortant: Mademoiselle Hyde, que nous venons de voir, est certainement mariée avec un Prince du Sang. M. de Southampton, qui étoit ami du chancelier, traita cela de chimère, et lui demanda d'où pouvoit venir cette étrange pensée? Assurez-vous, répliqua le comte de Shaftesbury, que la chose est ainsi: un secret respect qu'on tachait de supprimer, paroissoit si visiblement dans les regards, la voix et les manières de sa mère, qui prenoit soin de la servir et de lui offrir de chaque mets, qu'il est impossible que cela ne soit comme je le dis. Le temps fit voir que la conjecture étoit très-vraie. Le duc d'Yorck avoua, peu de jours après, publiquement son mariage avec cette demoiselle. »